La peste ou le choléra ? Je ne prends pas le choléra ! Devrais-je le quitter ? Vivre seule, soutenir le regard de gens, l’échec de ma vie. Et les enfants ? Que leur dirai-je ? Si je le quitte c’est vraiment la peste.
Mais si je reste…je SAIS qu’il ne changera pas. Je SAIS qu’il attendra le temps qu’il faudra…et il refera cela. Je le vois bien: Ce n’est pas un prince charmant, c’est un crapaud avec une petite couche de peau humaine qui sous un certain angle de lumière le fait paraitre comme un prince charmant…je ne peux plus me mentir, c’est un porc que j’ai épousé. Si je reste, je vivrais avec un porc.
Que choisir ? Partir et souffrir ? ou alors rester et souffrir ? Choisir entre la peste et le cholera…
Comme j’avais l’âme torturée ces mois-là ! Merci à mon ‘’ange gardien’’ qui ne m’a jamais lâchée même pas une seule minute. Oui, j’ai un ange gardien, je vous en parlerai.
Jusqu’à ce que je me réveille encore une fois.
J’ai donc pris la décision de partir. J’ai demandé une mutation dans mon service et je l’ai eu. Je suis allée dans une autre ville un autre pays. J’ai pris mon ordinateur et deux valises. Une avec quelques vêtements, une autre avec mes bouquins et des paperasses qu’on arrive jamais à jeter ainsi que mes moules à cakes et mes aiguilles de tricot.
Je lui ai laissé le reste: la TV, la voiture, le tapis, les couteaux de cuisines, le vase fêlé sur la table, les fleurs en plastique, les draps, la cuisinière, mes vieux slips, mes vielles chaussettes, la brosse a dents et les bâtons d’encens.
Dans ma nouvelle maison, j’ai été complètement déboussolée sans mes markers, l’agrafeuse, le fer a repasser et la télécommande…Re-prendre des bus ou payer des taxis me semble étrange, mais si pratique !
Petit à petit je découvre que je peux vivre sans les choses matérielles ‘’si importantes’’ que j’avais dans mon ancienne maison. Non, je n’ai pas besoin de l’aloé verra plantée dans le jardin. Sans thermos il est possible de se faire du thé. Je peux changer une ampoule toute seule si je me concentre et me prépare 3 jours durant à vaincre mon éléctrophobie.
Mais il y a ces moments où il fait si froid, ou tout a l’air si lourd, ou tu te demandes à quoi ça te sers alors de vivre si c’était pour rater ton mariage…ta vie peut être ?
Ne serait-il pas facile de retourner ? Le serrer encore une fois dans mes bras ? Il s’est excusé n’est-ce pas ? Je me rappelle comment il est quand il s’excuse, comme il redevient si charmant…
Mais cette fois, je me rappelle aussi comment systématiquement il redevient crapaud. Je tiens bon.
Je rechutes
Je n’en suis pas fière. Mais je dois tout dire. C’est le contrat avec F.I.A.
Un jour il est venu dans la ville ou j’étais et on a du discuter.
Finalement j’ai passé la nuit avec lui. Apres plusieurs mois d’abstinence, je ne sais pas si j’avais même le choix ?
Je retiens que ça m’a fait sur le coup beaucoup de bien, mais comme j’ai regretté ces moments ! Comme j’ai culpabilisé, surtout quand j’ai compris que pour lui c’était encore une fois une ‘’repossession’’ de son bien !
Et je replonge dans le ‘’pourquoi il agit comme ça’’. Je réactive la vieille application ‘’mais qu’est-ce que j’ai fait de mal’’ avec son cortège de pleurs de regrets et des soupirs…Je me rends compte que je définis ma vie EN FONCTION DE SA PRESENCE ou SON ABSENCE.
Pas possible me dis-je dans un sursaut de lucidité. Mais il pouvait aussi bien mourir non ? Et s’il mourrait, quelle serait ma situation ? Peste ou cholera ? Rien de deux évidemment ! Il ne serait pas là et c’est tout ! Je n’ai donc pas à définir ma vie en fonction de sa présence ou son absence dans la mienne.
La vérité au fil des jours et des semaines me frappe : en réalité ce n’est pas LUI qui décide de ce que sera ma vie, mais MOI. Son absence ou sa présence dans ma vie ne sont qu’incidentiels. Quelle que soit l’issue, je constate avec calme qu’il ne peut être rien d’autre qu’un complément à ce que je suis déjà.
Alors viens la grande introspection… : Qui suis-je ?
Et je me découvre petit à petit.
La question est tellement lourde et profonde qu’elle me fait peur. Je louvoie. Je décide de répondre à une autre : qu’est-ce que je voudrais être ?
Et enfin, je sais ce que je veux.
Alors je m’applique à faire de moi ce que je veux. Au jour le jour. Un pas après l’autre…
J’aime nager et danser, je m’inscris à un club de sport.
J’aime manger dans des bons restaus, alors je m’offre deux repas par semaine dans ces restaus. J’aime faire les boutiques, je claque quelques billets dans des robes et chaussures fantaisistes. J’aime papoter avec des amis, alors j’organise des sorties avec mes copines et des amis. J’aime prier, je deviens régulière à la prière. Mais pas pour pleurer, mais pour dire merci à Dieu. Je ne lui en veux plus de m’avoir si mal guidée, mais je le remercie de m’avoir fait vivre des moments de lucidité. J’aime mon travail, alors je m’applique encore plus fort. Et je suis plus que performante. J’adore être utile, et je combats ainsi mon sentiment inné de culpabilité, je ne sais du à quoi ?
Sans chercher forcement des résultats, à coup d’activités sans vraiment un objectif pre-défini, je deviens vivante. En faisant des petites choses que j’aime, je redeviens épanouie. Sans même comprendre comment je commence à être euphorique, à planer sur un petit nuage rose.
Et des mecs commencent à me tourner autour. Plusieurs d’entre eux ne cachent pas que je les plais. J’ai un nombre d’amis croissant sur Facebook. J’ai des propositions la plupart très osées , ou simplement drôles, certaines complétement loufoques. Comme ces trois demandes en mariage !
Mais je sais maintenant que tous ces gens c’est des compléments. Et je n’en ai pas besoin en ce moment où je suis en train de chercher à savoir qui je suis et qu’est-ce que je veux être. Donc je les zappe. Au mieux on tchatte, on sort manger quelque chose, on joue aux cartes tard dans la nuit, on se bécquote, mais …on ne va pas plus loin. Non, je ne parviens pas à donner complétement mon corps ni à recevoir celui d’un autre homme : Six mille ans de patriarcat m’empêchent de coucher. He oui, je ne peux pas, j’ai besoin d’être divorcée avant, me dit ma conscience.
Je retombe amoureuse :
Bien entendu les gens commencent à parler, à se demander ce qui se passe. Je suis partie dans un pays étranger, avec les enfants. Il est resté la-bas, dans sa maison avec tout. Son argent est logé dans mon compte, mais je n’y touche pas. Je lui propose de le lui rendre il refuse.
Par la suite, je commence à me désintéresser à ce qu’il fait. Ses appels, je les passe aux enfants, direct. Une fois il m’appelle alors que je suis avec des amis, et il insiste tellement que je suis obligée de répondre et de lui dire que je n’ai pas besoin d’être dérangée. Et la soirée continue, belle et arrosée, drôle et sympa.
Un jour, en discussion avec une amie, elle s’interrompt à une de mes blagues et me dit :
– tu es amoureuse…
– Moi ? fais je, sourire en coin
– Oui, toi ! Tu es splendide et pleine d’entrain. Forcement il y a quelqu’un qui t’as tapée dans l’œil.
Et je n’arrive pas à la contredire.
Oui je me sens en état de grâce, je me sens passionnée, pleine d’envie de découvrir et de faire des choses.
Je fais des voyages et j’écris. J’ouvre un blog et je dessine. Je crée des choses de mes doigts et je me maquille, je suis chic. Je rigole et j’anime des groupes sur des réseaux sociaux. Je suis dans des fêtes et je me remets au sport. Surtout, je vis dans une sorte d’euphorie inexplicable !
Force est de le constater : mais c’est vrai !! Je suis amoureuse…
Et vous n’allez pas me croire : je sentais que je débordais d’amour mais je ne savais pas de qui.
Je sentais seulement cette bonne humeur, ce flottement sur un nuage, cette envie de faire des plans.
Un moment j’ai cru que c’était de mon gourou. Oui, je dois vous parler justement de cet ange gardien. Une sorte de gourou, un ami que j’appelle ma conscience, psychologue. Normalement dans ma tête, c’est un être asexué, et jamais il ne me viendrait à l’idée de fricotter avec lui. Mais, vu que je suis vraiment dans un état proche de l’amour, je prends tout ceci au sérieux et je m’inflige un véritable interrogatoire intérieur sur ce que je ressens pour lui. Je me décide à me poser la question honnêtement : Est-ce lui ? Et je me réponds tout aussi honnêtement : Non.
Comme j’ai décidé de ne plus me prendre la tête, je ne continue plus dans mes recherche de mon amoureux imaginaire. Je reste à flotter sur mon nuage, amoureuse sans savoir exactement de quoi ni surtout de qui. Je vis seulement dans un état de grâce.
Et une fois au club de sport, en train de sautiller et pleine de sueur, je ressens un élancement dans ma cuisse et je m’exclame en moi-même ‘’ c’est bon bébé, pas de soucis, c’est jsute un bobo’’…ça me fait bizarre de me parler dans ma tête à moi-même et d’être si gentille et si douce envers cette femme qui est moi.
Et là c’est comme un éclair :
Je suis amoureuse… de MOI-MÊME !
C’est tellement brusque et si étonnant que je m’arrête de sauter. Je m’assieds et je régardes mes pieds. Puis je me regarde dans la glace placardée tout au long du mur a gauche et je me vois incroyablement belle et pleine d’énergie. Je me séduis ! Je suis si belle et si magnifique !
Je suis amoureuse de moi-même !! C’était donc possible !
Apres ce choc, je me dis ‘’c’est chouette ! Je m’aime à la folie !’’
En ce moment-là, Je ne veux pas savoir si je pète un câble, ou si c’est normal, ou même si c’est bien de s’aimer comme ça. Je décide que je m’aime et je dis que c’est parfait. Je vais prendre soin de moi.
Et à partir de ce jour, j’ai décidé de me traiter en princesse.
Hop, changement de mobilier. Une vraie princesse a besoin d’un écrin. Bleu et chocolat (j’adore manger du chocolat). J’achète des tableaux, je me fais un lit de 4mcarré, et j’ai une maison avec un jardin ou je mets toutes les fleurs que je veux. Je m’achète des bouquets des fleurs des roses, je m’offre du parfum, des robes. Et je m’achètes des bouquins. Je vais nager, je fais du tourisme. Et je suis jalouse de mon temps. J’annule des rendez-vous inutile, j’évite des hommes trop entreprenants et je me la coule douce.
Par chance j’ai un boulot incroyable. En fait c’est mon hobby et j’ai trouvé des preneurs qui me paie pour faire ce travail. Je suis douée je donne des jolies choses comme résultats et tout le monde est content de moi. J’ai de l’argent pour satisfaire à mes besoins. Je décide de m’acheter quelque chose de joli. Je m’offre une voiture, puis une jolie parcelle ou je vais construire cette maison de rêves.
Et la vie continue.
Et si le nuage éclate…ou serais-je ?
Le nuage n’éclate pas. Il s’amenuise mais en me faisant descendre doucement sur terre.
Je n’ai pas encore obtenu mon divorce.
Il m’arrive encore d’être en colère, de parler en mal de lui et de savoir ce qui se passe dans sa vie. Mais c’est de plus en plus rare.
Le plus souvent je me trouve en train de vivre ma vie, de faire des choses. Cette année j’ai réussi a planifier pour les 5 années à venir. Avec quelques indicateurs dans quelques domaines (relation avec Dieu, avec ma famille, l’argent, le boulot et…l’affectivité). Je vais voir ce que ça va donner.
En discutant avec FIA, je lui ai dit que je n’ai pas encore eu le courage de dire que je suis une femme divorcée. Elle m’a conseillée d’écrire.
Alors j’écris.
JE NE SUIS PLUS MARIEE.
Je suis divorcée.
Il m’arrive encore de penser à mon mariage, aux malheurs qu’il m’a causé. Il m’arrive de me demander ce que veut dire ‘’pardonner’’, de me demander si j’ai fait le bon choix en le quittant. Il m’arrive de pleurer seule, de demander à Dieu ‘’pourquoi passer par tant de souffrance et me faire vivre cet échec’’ ?
Mais je me calme. Je recours parfois à mon ‘’ange gardien’’ et nous discutons objectivement de ce que je ressens et quel parcours j’ai fait.
En regardant tout ce parcours, je me dis : je suis plus forte. Jamais il y a 3 ans je n’aurais été capable de faire le quart de la moitié de ce que j’ai fait depuis que je l’ai quitté.
La meilleure chose qui me sois finalement arrivée c’est de prendre conscience de moi, de m’aimer et de décider de me faire du bien. Rien que pour ça je me dis merci d’avoir entamé ce processus de découverte de ce que j’aime , ce que je veux, de quoi je suis capable et surtout ce que je suis. Je n’ai pas fini. Je suis encore en cours de définition et de compréhension. Un des points important reste de décider de la place d’un homme dans ma vie, par exemple.
Je dois encore me préparer à ce que je dirai à mes enfants. Ceux que j’ai eu avec lui et ceux que j’aurai sans lui (hé oui, je veux avoir encore des enfants).
Je ne sais pas si c’est utile, si ça aidera quelqu’un mais voilà ma chérie, je t’ai tout écrit…
Vive la vie !
Billie-Renaissance
Belle histoire et merci pour le partage. Je te souhaite de connaître l’amour comme jamais tu ne l’as imaginé
Magnifique!!!j’en suis même presque arriver à jalouser ta vie
Je reste sans voix….Billie-Renaissance, je t’aime!!!
Incroyable ce que je lis ! Mais je te l’ai toujours dit. Tu es une femme extraordinaire et tu es capable de beaucoup plus que ce que tu as déjà réalisé. Continue ton chemin et ne te préoccupes que d’une chose : être heureuse et rendre ton entourage heureux. #gratitude
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Votre commentaire
Je salue le courage de partir avec ses enfants.J’ai toujours pensé que la place naturelle d’un enfant c’est auprès de sa maman. Courage pour la suite, tu es sur la bonne voie. Tu es maîtresse de ton destin, capitaine de ton âme.
Alors moi j’ai adoré, j’ai rafolé de cette fable! Il m’a fallu quelques minutes pour me demander “c’est une histoire vraie ou fausse?” et après me suis dit “peu importe!” J’adore! La description des émotions une a une sans complexe, j’adore!