Bénie avait donc pris la décision de remercier son avocate et de transférer son dossier de divorce dans un autre cabinet. La lettre était prête. En relisant la lettre, Bénie s’est rappelé de comment elle avait eu l’adresse de cette avocate, de comment elle avait eu des difficultés à payer ses honoraires et de comment Maître Frusto avait brillé par ses absences aux audiences. Là, Bénie s’est dit qu’elle devait d’abord être sure de ne plus avoir de dette envers elle.
Elle a donc rédigé une autre lettre pour demander si elle devait encore de l’argent et combien elle devait. Dans cette lettre, Bénie l’aussi remercier pour son accompagnement pendant les deux ans de procédure au tribunal.
Le lendemain, Bénie a reçu un appel du cabinet de Maître Frusto : elle devait aller chercher la réponse.
Quand elle est arrivée, Maître Frusto est venue tout sourire : Bonjour Madame. Vous êtes bien habillée aujourd’hui. Ne vous inquiétez pas, j’ai déjà fait appel, personne ne va toucher à vos enfants. On va continuer devant la cours d’appel… »
“J’ai fait appel” ?!!! Incroyable, cette femme, se dit Bénie en se rappelant le manque total de soutien le jour du jugement qui avait rendu Bénie si triste. Bénie était stupéfaite de la voir se comporter ainsi alors que le jour même du jugement, elle ne s’était pas donné la peine de lui annoncer la mauvaise nouvelle, ni de la consoler ou l’encourager. A ce moment précis, Bénie s’est dit : cette femme a un problème dans son cœur ! Je ne sais pas ce que c’est mais, c’est sûr qu’elle n’est pas bien. Quelle hypocrisie !
Revenant à la réalité, Bénie a répondu poliment : “Merci, Maître” et elle est partie. Avant de démarrer la voiture, elle a appelé sa mère.
– Allô maman ?
– Bonjour ma chérie, ça va ?
– Oui, maman ça va. Je sors du cabinet de Me Frusto. Elle a répondu à ma première lettre. Je t’avais dit que j’allais d’abord lui demander si je lui dois encore de l’argent…
– Oui ! Tu m’avais dit. Elle a répondu quoi ?
– Voici sa réponse : « Chère Madame, je suis ravie de constater que vous avez gardé le courage malgré la mauvaise nouvelle du jugement rendu. Je suis disposée à rester votre avocate pour le procès en appel. En ce qui concerne mes honoraires, à ce jour, vous ne me devez plus rien »
– C’est bien ! Au moins, elle reconnait que tu as fini de la payer ; surtout que tu l’as payée pour rien au final…
– Oui ! J’en suis contente. Si seulement, elle savait combien ça a été dur pour moi de la payer…J’ai toujours eu l’impression qu’elle s’imaginait que je voulais qu’elle me défende gratuitement ; parce que je n’avais pas de moyens. Elle croyait peut-être que j’allais toujours être sans travail… En tout cas, maintenant, c’est fini. Je vais la remercier. Et essayer de continuer autrement.
– Qu’est-ce que tu vas lui dire ?
– L’objet sera de demander à retirer mes documents personnels de son cabinet. Je vais la remercier pour sa réponse et lui dire que compte tenue de la situation actuelle entre moi et Nipo ainsi que les conseils qu’elle a eu à me donner sur l’ invitation de Nipo la veille du jugement, je me dois de trouver un autre Conseil pour continuer devant la cours d’appel.
– C’est très bien !
– Je retourne au bureau. à plus tard, maman. Je te dirai la suite.
– à plus tard, ma fille.
Trois jours après, Bénie a envoyé le second courrier de remerciement à Maître Frusto. Le même jour, Bénie a reçu un appel de la secrétaire l’invitant à venir retirer ses documents.
Quand elle est arrivée au Cabinet, la secrétaire lui a remis le lot de documents et une lettre de transmission desdits documents. Au moment où elle allait s’en aller, Maître Frusto est sortie de son bureau est venue crier sur elle.
– Mais Madame Bénie ? Quelle sont ces choses que vous dites sur moi ? Je vous ai défendu de mon mieux, comme j’ai pu …
– Maître…
– Non, je ne veux rien entendre de vous ! Je n’ai pas pris de l’argent de votre mari ! Sortez de mon cabinet et allez-vous chercher un autre avocat ; il y a beaucoup d’avocats dans la ville.
– ( !!!)
Bénie est sortie sans rien dire d’autre. Elle était choquée par le comportement de cette avocate mais elle était contente d’avoir retiré son dossier . “Ouf ! Je suis sauvée! Merci l’Univers” se disait-elle. Aussitôt, elle a appelé sa mère :
– Allô, maman, je suis choquée ! Je suis allée récupérer mes documents chez Maître Frusto et imagine-toi, elle est venue me crier dessus en disant qu’elle n’a pas pris l’argent de Nipo ! Tu te rends compte? ça m’étonne tellement ! Je ne lui ai jamais demandé si elle avait reçu de l’argent…
– Hahahah, elle se reproche des choses alors ?
– Je suis tellement contente de quitter son cabinet ! Quelle avocate ! Je vais maintenant préparer le procès en appel avec une vraie avocate qui aime la justice…
– Dieu merci ! Tu iras la voir quand ?
– J’ai RDV à son cabinet le vendredi à 15h00. Après je viendrai te dire comment ça s’est passé. Bon après-midi. Salue-moi papa.
– A vendredi.
Bénie a envoyé un message à Maître Korazo pour lui rendre compte de la situation et confirmer le RDV.
Le jour du RDV, Bénie est arrivée un peu en avance au cabinet de Maître Korazo. L’assistante l’a accueillie gentiment.
– Bonjour Madame. Avez-vous amené les documents ?
– Oui, les voici, répondit Bénie en lui donnant une grosse enveloppe.
– Okay ! Je vais ouvrir votre dossier avant que Maître ne vous reçoive tout à l’heure. Vous allez patienter un peu dans la salle d’attente.
Assise dans la salle d’attente, Bénie s’est rappelé de la première fois qu’elle était venue dans ce cabinet, il y a plus de deux ans. Elle se rappelle comment elle y était venue avec grand espoir de trouver la bonne aide pour sa procédure de divorce. Pour Bénie, Maître Korazo est la meilleure avocate au Gondwana. Elle se rappelle sa déception quand Maître Korazo lui avait dit qu’elle ne pouvait pas la recevoir en ce moment parce qu’elle était très occupée politiquement. Elle avait conseillé à Bénie d’aller prendre des renseignements auprès des Femmes Juristes et c’est ce que Bénie avait fait pur finalement se retrouver dans le cabinet de Maître Frusto.
Et maintenant, après deux ans je suis encore ici ! La vie est vraiment surprenante, se dit Bénie en pensant à tous les hasards qui se sont passé pour qu’elle se retrouve encore dans ce cabinet.
– C’est bon Madame, vous pouvez venir, annonça l’assistante en entrant dans la salle d’attente.
– Okay, je vous suis…
Bénie rentre dans le bureau. Maître Korazo est là, derrière son grand bureau, très belle dans un tailleur rouge bordeaux. Comme d’habitude, elle est rayonnante et accueillante.
Ce n’est pas la première fois que Bénie vient dans ce bureau. Mais avant, c’était pour parler d’autres projets avec l’avocate. Cette fois-ci, c’est différent : Maître Korazo est sur le point de devenir son avocate.
– Alors, comment ça va ? demanda Maître Korazo, en souriant gentiment.
– Je vais bien Maître. Ça va mieux…J’ai retiré mon dossier et j’ai l’attestation d’appel.
– C’est bien. Ton dossier ici est déjà ouvert. à la sortie, mon assistante va te donner les précisions sur les tarifs du cabinet et les différents coûts à prévoir.
– D’accord.
– Pour commencer, racontez-moi un peu ce qui se passe. Tu es en procédure de divorce depuis quand ?
– Depuis plus de deux ans maintenant…à causes des grèves…
– Et c’est toujours Maître Frusto qui t’a défendu ?
– Oui ! Enfin, elle est venue à 2 ou 3 audiences…
– Seulement ?
– Il faut dire qu’à l’époque, j’étais sans travail. Et j’avais de grandes difficultés financières. Du coup, je ne la payais pas vite. Je promettais de payer, mais tel qu’elle se comportait avec moi, je pense qu’elle ne me croyait pas vraiment…
– Mais pourquoi tu as choisis son cabinet ?
– Je n’ai pas vraiment choisis. Quand j’ai voulu demander le divorce, je suis venue ici directement. Mais à l’époque vous étiez occupée. Et vous m’aviez dit d’aller prendre des informations auprès des Femmes Juristes. Je suis donc allée au tribunal et j’ai demandé à des gens au hasard. C’est ainsi qu’une dame m’a indiqué le cabinet de Maître Frusto et j’y suis allée.
– Je vois. En tout cas, tu n’es pas bien tombée. Frusto fait partie des avocats qui font tout pour l’argent à la place de la Justice. Il est possible qu’elle ait pris aussi de l’argent chez ton mari…
– Ah bon ?! C’est bizarre que vous en parliez ! La dernière fois que je suis allée récupérer mon dossier, elle a crié sur moi en disant qu’elle n’avait pas pris de l’argent chez Nipo ! Alors que moi je ne lui ai jamais dit cela !
– Voilà ! Quel dommage ! Des femmes qui font du mal à d’autres femmes !
– J’ai toujours eu un mauvais pressentiment avec Maître Frusto ! Elle parle mal. Souvent, elle est blessante ou cynique dans ces propos. Je me suis souvent demandé si elle n’avait pas de problèmes personnels qui expliqueraient sa mauvaise humeur permanente…
– Bien sûr qu’elle en a ! Toutes les femmes ont leurs problèmes. Mais en tant qu’avocate, on se doit d’éviter de devenir aigrie et maltraiter les clientes. Frusto est une femme trompée et humiliée par son mari mais elle reste et supporte. Son mari est un coureur de jupon qui sort avec les jeunes filles dans la ville aux yeux de tous.
– Ah bon ? Woooow ! Je comprends maintenant pourquoi en début de la procédure de divorce elle m’avait formellement interdit de dire que Nipo est un Manipulateur Pervers Narcissique ! Eh eh eh En fait, elle-même elle subit des maltraitances…
– Oui ! Elle subit et supporte pour rester mariée. Comment elle peut alors défendre les femmes qui osent quitter les foyers de violences psychologiques ?
– Elle ne peut pas ! Là, je comprends maintenant ses comportements bizarres, son agressivité, sa mauvaise manière de parler, le fait qu’elle ne souris presque jamais. J’avais même remarqué que dans son cabinet, elle crie souvent sur le personnel.
– Eh oui ! C’est ça la réalité des femmes. A force de garder en elle-même les souffrances…pour faire semblant d’être heureuses alors qu’elles vivent l’enfer.
– La plupart des femmes sont prêtes à tout pour rester mariées. En tout cas, Dieu merci pour moi j’ai quitté son cabinet. Et elle a écrit que je ne lui dois plus rien comme argent. Si elle a pris de l’argent de Nipo, c’est son problème. Moi ce que je veux maintenant c’est m’en sortir.
– Ça va aller. Ne t’inquiète pas. Rappelle-moi, tu as combien d’enfants, et ils ont quels âges ?
– J’ai deux enfants. Undo, un garçon de 9 ans et Enzo, une fille de 6 ans.
– Qui garde les enfants depuis que tu as quitté le domicile conjugal ?
– C’est moi qui le garde ! Il y a un an, Juge Pako avait rendu une ordonnance elle m’avait donné la garde provisoire des enfants. Nipo avait le droit de visite.
– Et comment se passent les visites ? Est-ce que tu refuses qu’il voit ses enfants ?
– Non ! Jamais ! Bien au contraire. Chaque fois qu’il a demandé à les voir ou les prendre en week-end et en vacances, j’ai toujours répondu favorablement. C’est important pour les enfants de voir leur père. Jamais je n’empêcherai Nipo de voir les enfants. Malheureusement, en bon MPN, il se victimise en inventant des mensonges.
– Tu es au Gondwana depuis quand ? As-tu déjà la nationalité gondwanaise ?
– Oui, j’ai la nationalité. Je vis au Gondwana depuis 13 ans.
– Est-ce que tu retournes au Wakanda parfois ? Tes parents sont là-bas ?
– Oui j’y retourne. Mes parents vivent au Wakanda et au Gondwana. Comme ils sont retraités, il voyagent entre les deux pays.
– Je demande ça parce que j’ai vu que le jugement du divorce ne te permet pas d’héberger tes enfants à l’étranger sans l’intervention de leur père et du Procureur de la République…
– J’ai vu ça aussi. Je me demande comment Nipo à fait pour écrire de telles choses dans un jugement…Hum !
– Ce qui me surprend le plus, c’est le fait que ce soit la Juge Pako qui a rendu ce jugement ! Je suis vraiment choquée parce que je la connais comme une bonne juge qui est juste envers les femmes et les enfants ! Je n’arrive pas à comprendre comment elle a pu prendre une telle décision.
– Moi aussi, ça m’a étonné Maître ! Pendant la procédure, Juge Pako avait demandé à voir les enfants. Je les ai amenés moi-même pour qu’ils lui parlent. Elle m’avait parue gentille. Je ne comprends pas ce qui s’est passé pour qu’elle décide de m’enlever la garde des enfants. C’est injuste pour les enfants d’aller subir Nipo et sa nouvelle femme…
– Ah ! Il a déjà une concubine ? Très intéressant…On va noter ça. Comment ça se passe pour les pensions alimentaires? Il paye?
– Il ne paye jamais de son plein gré! La fois passé j’ai du demander à Maître Frusto de le menace et il a payé une partie. Si la justice ne l’oblige pas, il ne me donne rien. Il m’a écrit pour me dire que je ne dois pas lui réclamer les pension alimentaires…
– Et pour la scolarité des enfants?
– D’habitude, je pré finance tout et après j’attends qu’il rembourse. parfois il le fait, parfois il le fait pas. Mais il y a deux semaines, il m’a écrit pour me dire de lui amener les enfants conformément au jugement du divorce. Il a dit qu’il ne me remboursera aucune dépenses liée à l’école des enfants. Que je dois lui amener les enfants chez lui
– QUOI? Il ne sait pas que tu as fait appel?
– Je le lui ai dit mais apparemment, il s’en fou! J’ai déjà inscrit les enfants et payés tous les fournitures…Il dit qu’il ne remboursera pas.
– Hum! Les hommes…
Pendant toute la conversation, Maître Korazo avait pris des notes. A la fin, elle a appelé son assistante et lui a remis les papiers.
– Saisissez-moi toutes ces notes et enregistrez tout dans son dossier. N’oubliez pas d’imprimer des copies, ordonna-t-elle à son assistante. Nous allons maintenant notifier à Monsieur Nipo que tu as fait appel du jugement et aussi que je suis désormais ton avocate, ajouta Maître Korazo à Bénie. Il doit savoir qu’il doit laisser les enfants avec toi et attendre la fin de la procédure. Je lui dirai aussi qu’il est responsable de la scolarité des enfants. Je vais appeler l’huissier .
Allô, Maître Mondo…oui…ça va bien, merci…oui…bien sur…Okay…maintenant c’est pour un autre dossier…Oui une nouvelle cliente…j’aurai besoin de toi demain pour remettre des courriers à son mari…oui, un dossier de divorce…la cliente a fait appel du jugement rendu en première instance…Okay. à demain. Merci.
Voilà qui est fait, dit Maître Korazo en raccrochant. Nous allons apprêter les courriers pour demain. Toi tu n’as rien à faire à part t’apprêter financièrement car toutes les procédures demandent de l’argent. Il faut être prête financièrement et aussi psychologiquement.
– D’accord, Maître. Je vais m’apprêter. Merci beaucoup pour tous
– De rien. C’est mon travail. Que Dieu nous accompagne. Tout se passera bien. On va gagner.
– Amen !
En sortant du cabinet de Maître Korazo, Bénie se sentait remplie de gratitude pour ce premier pas franchi. Elle savait que ça n’allait pas être facile, mais elle avait conscience de sa chance : elle avait pu faire appel, elle ne devait rien à son ancienne avocate, elle avait une nouvelle avocate et surtout elle avait un travail. Elle pouvait désormais affronter la procédure judiciaire avec plus de sérénité. Elle se sentait bien.
Un observateur extérieur aurait pu penser que Bénie faisait ces procédure pour « faire du mal » à Nipo ; mais en réalité Bénie n’avait aucun ressentiment envers Nipo. En travaillant sur elle-même, elle a réussi se mettre au-dessus des événements et désormais elle voulait une seule chose : vivre en paix avec ses deux enfants pour les éduquer dans l’Amour et la Joie.
Saisissant son téléphone, Bénie entama une conversation avec Jomo.
Bénie reste réaliste. Connaissant le coté narcissique de Nipo, elle sait qu’il va faire “un truc” pour faire parler de lui dès qu’il va recevoir les courriers de Maître Korazo. Et Bénie sait que cela ne va pas tarder…
Peace & Love,
AmaZone.
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[…] parce que c’est elle qui avait joué le rôle de l’avocate de Nipo dans le jeu de l’ancienne avocate de Bénie qui en fait était du côté de Nipo sans que Bénie ne le sache. Le Juge Lifo avait donc […]
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